Mornac-sur-Seudre
La commune est rattachée au canton ouest de Royan (arrondissement de Rochefort). Elle s'est appelée Mornay, puis Saint-Pierre de Mornac. Le 10 novembre 1898, elle devient “Mornac sur Seudre”. En 1793, elle avait 702 habitants, 731 en 1946, aujourd'hui 652. L'étymologie est controversée. Le nom viendrait du celte Morne (calme) et de Acque (eau), « eau calme ». Une autre hypothèse est envisagée : “Morinacum”, terre de Morinum. La commune est petite (956 hectares). Toute la moitié nord est constituée par 400 hectares de marais sur les rives de la Seudre. Le reste, au sud, est composé d'un plateau de calcaire crétacé à vocation agricole. Il y a deux bourgs, Mornac et Plordonnier, en bordure de la Seudre et séparés par un bras du marais.
La région est occupée dès le Paléolithique. Plus tard, les Romains installent à Mornac une garnison. On a trouvé, près de Paterre, des fragments de marbre et une mosaïque. Au VIè siècle, il existe un hameau et certainement une petite église. Lors des fouilles de 1952, on a découvert dans l'église actuelle des témoins de l'époque mérovingienne. La seigneurie de Mornac est une des plus anciennes de la Presqu'île d'Arvert. Son château date de 1022. Il est bâti sur le plateau près du bourg, non loin de l'église qui date du X e siècle et qui dépend de l'Abbaye Saint-Roux de Valence en Dauphiné.

Vue aérienne de Mornac-sur-Seudre

Clocher fortifié de l'église
À la fin du XI e siècle, les bords de l'estuaire de la Seudre sont couverts de salines. On produit un sel blanc du Liman, le meilleur de la région : ce qui explique l'existence, à Plordonnier, d'un petit port actif. Par une charte datée de 1156, le seigneur de Mornac fait don à l'Abbaye de la Sauve Majeure de terres pour installer un prieuré dédié à Saint-Nicolas.
En 1422, les Anglais s'emparent de Mornac par surprise. Toutefois le commandant Jean Dugast leur tient tête dans le château où il s'est enfermé avec une poignée d'hommes. De La Rochelle, accourent, en hâte, une dizaine de navires pour aider le commandant. Dugast prévient qu'il est à la dernière extrémité faute de vivres. Dans la nuit, on arrive à tendre un câble entre la tour du château et le mât d'un des navires. Le lendemain, les Anglais virent passer au-dessus de leurs têtes des provisions de toutes sortes, jusqu'à des pourceaux vivants Les Anglais harcelés sont à même de se rendre lorsque le sire de Pons, qui les assiégeait, trahissant ses engagements les laisse fuir à la faveur de la nuit.
La région souffre des guerres de Religion. Le château est détruit par les Huguenots. Les luttes demeurent vives au cours des XVIIè et XVIIIè siècles. Le temple est plusieurs fois détruit et reconstruit, en 1622, 1682, 1727. Le temple actuel date de 1837. Après la révocation de l'Edit de Nantes, le port participe activement au mouvement d'émigration des protestants . Au XVIIIè siècle, ceux qui restent organisent des Assemblées du désert qui se tiennent dans les bois proches de Mornac. Le 22 juin 1755, l'une de ces assemblées est surprise par les troupes royales. Il s'ensuit une attaque en règle. Trois protestants sont tués, plusieurs blessés. Parmi les forces de l'ordre, il y a un tué et une dizaine de blessés.

Cabane des sauniers
Jusqu'à la Révolution, le système seigneurial est resté très vivace dans la baronnie. Le 25 mai 1775, le seigneur du lieu oblige le saunier Pierre Bourdonneau à vendre deux pièces de vigne, ses seules richesses, pour la somme de quinze livres dix-neuf sols, six deniers “ qui sont le montant de pareille somme que ledit vendeur doit” comme droit seigneurial. Est présent à la vente, Jean Robelain, sergent de la baronnie de Mornac qui veille à ce que l'argent de la vente “soit serré et emboursé” par le notaire pour être remis à l'intendant du baron.
Au XIXè siècle, la mévente du sel accélère l'abandon des salines au bénéfice de l'ostréiculture. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mornac est intégré, par les Allemands, au système de défense de la Poche de Royan. Le bourg est libéré par le 50e RI le 16 avril 1945.

Cloche de l'église
Aujourd'hui, c'est un petit bourg qui a su préserver tout le charme et la poésie des vieilles pierres. Beaucoup de maisons sont de type “saintongeais”, composées d'un rez-de-chaussée et d'un grenier surbaissé. Peu de maisons ont plus d'un étage.
Les rues sont étroites, sinueuses pour couper le vent venant des marais . Le port se trouve au terminal d'un chenal rejoignant la Seudre et bordé par les “cabanes”. Les deux activités essentielles de Mornac sont l'ostréiculture et le tourisme. La nécessité d'attirer le touriste explique, en partie,la mise en valeur de l'aspect “ancien” du bourg, le développement de l'artisanat d'art et l'existence d'hôtels, de cafés, de restaurants et d'un camping à la ferme. Plordonnier est le siège des “Grands Moulins de la Seudre”. Tous les ans, au printemps, se déroulent de grandes Fêtes Romanes en liaison avec les communes de Breuillet, Royan, Saint-Palais et Vaux. Enfin, Mornac est classé parmi “les plus beaux villages de France”.
L'église a un plan en croix latine avec absidioles. Elle est construite sur les restes d'un édifice mérovingien et comporte des parties antérieures au XIIè siècle. Elle a été remise en valeur à partir de 1951, à la suite de fouilles et de travaux de restauration. La façade construite au XV e siècle possède une porte ogivale à moulures et une niche à cintre lobé. La nef de quatre travées en comptait cinq à l'origine. Le mur nord et la porte sont des restes antérieurs au XII e siècle. On peut distinguer l'amorce de l'ancienne voûte démontée en 1837 (inscrite aux MH) Le chevet date du XII e siècle (MH) Sur le fond de l'abside, des traces de fresques. Le clocher fut incendié à deux reprises, la dernière fois lors d'un orage, le 2 août 1943, et restauré après la guerre.
Les Halles sont intéressantes avec leurs piliers qui datent du XVIII e siècle. Le château domine la Seudre. Sa dernière restauration remonte au début du XVIIIè siècle ; il possède des souterrains.

Mornac-sur-Seudre

Les Halles de Mornac-sur-Seudre