Léon Massiou, visage d’érudit

Massiou

L'homme

Léon Massiou (1864-1943), inspecteur au contentieux des Chemins de Fer de l’État, vit en région parisienne, mais a des attaches en Saintonge : son frère, Jules, est notaire à Saujon et lui sert souvent de relais. Passionné par le patrimoine local et l’archéologie, il a déjà une solide expérience en ce domaine lorsqu’il entreprend des fouilles au Fâ en 1923.

L'archiviste

Pour mener ses recherches, Léon Massiou s’appuie sur les témoignages de tous ceux qui, par le passé, se sont intéressés au site : Claude Masse, Bourignon, le Chevalier de Vaudreuil, l’abbé Lacurie, Eutrope Jouan ; il se fait envoyer le résultat des travaux de l’Abbé Julien Laferrière.

 

Albert Planchet, professeur au Collège de Libourne :

Nous ne saurions trop féliciter M. Léon Massiou (…) de l’activité (…) qu’il déploie pour arracher, à ce coin pittoresque de notre terre de Saintonge, des secrets archéologiques ensevelis depuis de longs siècles.

 

Ses fouilles et découvertes

Les fouilles de Léon Massiou ont eu lieu sur le site du Fâ de 1921 à 1926. En 1923, il sonde ou fouille diverses zones du site, avec l’aide de deux ouvriers agricoles dont les fiches de paye sont parvenues jusqu’à nous.

Il fait ensuite le point sur ses premières découvertes :

Au mois d’août et septembre 1923, j’ai fait exécuter à mes frais et avec une subvention de M. Métadier, ancien maire de Talmont, actuellement maire de Royan, des sondages poussés (…) sur plusieurs points qui entourent le moulin du Fâ (…) qui m’ont démontré l’existence à trois endroits différents, de deux monuments de vastes dimensions de l’époque gallo-romaine et d’un grand bassin qui témoignent de l’importance de cette ville. De ces fouilles, j’ai extrait de nombreux débris de sculptures de chapiteaux à feuilles d’acanthe, de frises, fragment de colonne rostrale, marbres de toutes natures avec moulures, un pied de statue en marbre fi nement ciselé, des débris de poterie rouge dite terre samienne (...) , une pièce de bronze de Vespasien…

Il fait également un descriptif du soubassement du temple :

Les sondages pratiqués ont permis de constater que la base de la plus grande circonférence paraît reposer sur le sol naturel à plus de 3 mètres de profondeur du sol actuel. On pénètre dans le dessous à la fois par une brèche latérale… pratiquée au Sud par le propriétaire… et par une ouverture carrée pratiquée du côté Nord. La voûte est faite en blocage et forme plafond : elle est supportée en son milieu par un seul pilier.

Léon Massiou saura jouer de ses relations pour le financement des fouilles à venir.

Septembre 1923, lettre de M. Jules Formigé, architecte et membre de l’Institut, à Charles-Henri Besnard, architecte du gouvernement :

Que M. Massiou fasse un rapport au ministre exposant ce qu’il a fait et ce qu’il voudrait faire et demandant une subvention… Mais que tout cela ne vienne pas de moi bien entendu et ait l’air de se passer à mon insu.