Hans Michaelles

Hans Michahelles (Gouverneur militaire de la forteresse de Gironde du Nord : ROYAN) est capturé par les Alliés le 17 avril 1945

Je me trouve devant un blockhaus protégeant une pièce d'artillerie qui nous tire sans cesse dessus. Un coup de 75 la détruit. Puis notre progression se poursuit à travers les jardins et les villas. L'une d'entre elles semblait être la résidence d'un Etat-Major. Nous la détruisons. Non loin de là se trouve un formidable blockhaus. C'est, nous dit-on, le P.C. de l'Amiral Michahelles, commandant la Poche de Royan.
Nous tirons sur cet ouvrage qui ne semble d'ailleurs pas défendu de façon sérieuse. On a l'impression que les allemands attendaient l'attaque côté mer, car tous les canons étaient tournés dans cette direction et seules les armes les plus légères étaient hâtivement braquées vers la terre. Mais notre canonnade déclenche une réaction inattendue. L'officier allemand sort peureusement avec une perche d'au moins deux mètres au bout de laquelle il brandit un immense morceau de drap blanc. C'est le signe de la reddition. Je m'approche. L'homme parle très mal le français. Il a dû l'apprendre dans le dictionnaire quelques instants plus tôt. Ses paroles me sont restées gravées dans la mémoire : "Monsieur plus chasser, plus tirer". Et il tremblait comme une feuille morte en répétant sans cesse cette litanie.
Nous lui avons demandé combien il y avait d'hommes dans le fortin. Il a répondu évasivement. En réalité, ils étaient environ 70 sous-officiers et officiers surtout. Nous les avons parqués sur un cours de tennis voisin. Mais l'amiral manquait.
C'est alors que j'ai pénétré dans le blockhaus. J'ai trouvé le commandant en chef des forces allemandes à son bureau, seul. Il était effondré. Je lui ai dit : "Vous êtes prisonnier". Il a répondu : "Oui bien sûr ! Mais je veux me rendre à un officier et pas à vous soldat".
J'ai dû faire appel à mon capitaine, le capitaine Voillaume, et c'est à lui que l'Amiral Michahelles, en ma présence, s'est rendu finalement.
Quelques instants plus tard, je partais nettoyer les ouvrages voisins. Un des blockhaus avait été transformé en hôpital, mais la résistance, en dépit des redditions, demeurait vive.

Souvenir de guerre du brigadier Roger Gallais

 
Hans Michaelles

L'Amiral Michahelles devant le Tribunal Militaire de Bordeaux

Le Contre-Amiral Michahelles est renvoyé devant le Tribunal Militaire de Bordeaux, pour crimes de guerre, par la Chambe des mises en accusation près la Cours d'Appel.
Il répondra de la complicité de séquestration de personnes, pour avoir requis des civils pour oeuvres de guerre et de complicité de pillages, pour réquisitions abusives ou illégales et confiscation de biens. Il avait, notamment, fait saisir l'encaisse des banques de Royan, soit, neuf millions de francs.
Ses subordonnés comparaîtront en même temps : Walter Thiele, intendant de la marine, pour pillages ; Kurt Lanz, capitaine de corvette, pour pillages et séquestrations ; Helmut Kahrs, lieutenant d'infanterie, pour assassinat et coups et blessures ; Horst Veldten, sous-lieutenant de marine, pour pillages ; Erik Koelher et Stephan Kaizmareck, adjudants, pour coups et blessures.

 

Bordeaux, le 7 juillet

Le Lieutenant-Colonel Troyes, commissaire du gouvernement, rappelle l'affaire de Ronce-les-Bains et les tortures infligées à quatre jeunes gens à la suite de la mort d'un soldat allemand, ainsi que les assassinats de Caillaud et Cardrat. Il souligne, au sujet de ce dernier meurtre, que Kahrs dans son rapport à Michahelles, parlait d'exercice de tir. A l'audience du jeudi 9 juillet, il invoquait le geste maladroit d'un soldat. Pourtant, des témoignages de soldats allemands sont formels. Quant au meurtre de Caillaud, la déposition de son frère et celle de M. Destreux ne laisse aucun doute. La responsabilité de ces actes appartient à Kahrs. L'amiral n'a connu, par lui, que des rapports mensongers. Contre Kahrs, deux fois assassin, le Colonel Troyes requiert la peine de mort. La mort aussi pour le soldat Frymeier (en fuite). Contre Koelher et Kaizmareck, tortionnaire aux ordres de Kahrs, cinq ans de réclusion. La seconde partie du réquisitoire a trait aux réquisitions abusives, aux pillages et aux destructions. L'Amiral Michahelles a déjà couvert les agissements de ses subordonnés. Le commissaire trace leur voie aux avocats en soulignant que la responsabilité de Francke, son supérieur direct, confirme celle de Michahelles.

Verdict

  • Amiral Michahelles : acquitté
  • Intendant Thiele, Capitaine Lanz, Sous-Lieutenant Veldten : acquittés
  • Adjudants Koelher et Kaizmareck, Amiral Francke : 10 ans de réclusion
  • Lieutenant Kahrs, Soldat Freymeier : condamnés à mort