La presqu'île d'Arvert
Saint-Augustin
La commune est enserrée dans son massif forestier, considéré comme l’une des plus belles parties de la forêt de la Coubre. Autrefois, elle était essentiellement constituée de marais, que l’on continue de vider encore actuellement par le Canal de la Mayre (ou canal de la Mer), conduisant l’excédent d’eau du marais de Saint-Augustin dans la Seudre par le port de Chaillevette-Le Marvoux.
De nombreux historiens considèrent ce canal comme la frontière naturelle de la presqu’île d’Arvert. Le petit sanctuaire, à la façade fortement inspirée des temples grecs, est agréablement proportionné, et d’une grande sobriété. Il est réhaussé d’un campanile avec sa cloche, construit en 1843.
Il s’agissait à l’origine d’une chapelle privée, propriété du châtelain du logis du Breuil, tout proche. Elle fut léguée à la commune en 1859, avec le statut officiel d’église paroissiale.

Façade de l'église, Saint-Augustin
Les Mathes - La Palmyre

Villa "Le Sextant", La Palmyre
A La Palmyre, le long de l’avenue de l’Océan, on remarque une plaque de béton le long d’un muret, avec l’inscription « Villa le Sextant – Maison de vacances - Le Corbusier-1935 ». Il s’agit d’un témoignage rare de la présence du célèbre architecte dans notre région.
Une note, dans un dictionnaire d’architecture, indique : «La villa le «Sextant» est avant tout une résidence estivale ; cela explique le plan ouvert, l’absence de chauffage (hormis deux cheminées), la distribution des pièces par l’extérieur et l’emplacement de la salle à manger sur une terrasse ouverte»... «Orientée à l’est (pour se protéger des vents océaniens), la villa tourne le dos à la rue (ce qui, lors de la construction choqua les riverains), préservant l’intimité de la famille».
Le Corbusier obtient ainsi un contraste réussi entre le mur de pierre percé de quelques petites fenêtres à l’ouest de la façade principale, à l’est, colorée et translucide. Cette dernière est en effet constituée de panneaux standards en verre, ciment, amiante et okoumé (peints en bleu, rouge et brun).
« Ouvertes sur le jardin, toutes les pièces (une cuisine et trois chambres en rez-de-chaussée, deux chambres, une salle de bains, une pièce de vie à l’étage), ont leurs surfaces réduites au maximum car la vie se déroule à l’extérieur sur la terrasse, la galerie et le jardin. Le budget ne permit pas aux architectes parisiens de se déplacer, le chantier fut donc mené par correspondance ; l’entrepreneur suivant les directives écrites et le croquis précis que l’architecte lui envoit régulièrement ».
La Tremblade - Ronce-les-Bains
La chapelle de Ronce tire sa particularité du fait qu’elle soit démontable. En effet, dès la fin 1944, les églises protestantes suisses s’étaient émues de l’impossibilité de célébrer un culte dans les villes du littoral qui avaient été littéralement rasées, telles Caen et Le Havre. Elles proposèrent alors à l’Eglise Réformée, des chapelles préfabriquées, en bois traité et très rapidement utilisables. Lorsque quelques mois plus tard, Royan subit le même sort que les villes normandes, il fut décidé qu’une de ces chapelles serait installée dans cette ville. Ce qui fut fait le 28 juin 1947. Les années passant, la reconstruction se réalisant, l’Eglise Réformée de Royan put se doter d’un ensemble moderne et fonctionnel qui rendait obsolète la chapelle provisoire.

Chapelle protestante, Ronce-les-Bains
Toutefois, la chapelle étant en parfait état, le Conseil Presbytéral de l’Eglise Réformée de Royan la prêta à son homologue de La Tremblade (station balnéaire en plein développement).Elle fut aisément démontée, puis transportée et installée sur un emplacement convivial, derrière l’école primaire. Ainsi, depuis 1957 elle sert à nouveau à la célébration du culte pendant les mois d’été. En 1996, l’Eglise Réformée de Royan la vendit au franc symbolique à la commune de La Tremblade. A La Tremblade, le long du Chenal de l’Atelier, se déploient de nombreuses cabanes ostréicoles multicolores, formant ainsi une véritable unité architecturale, mise en valeur par les éclairages nocturnes. A l’extrémité du chenal, superbe panorama sur l’estuaire de la Seudre et les parcs à huîtres.
Arvert

Puit couvert en face de l'église, Arvert
Si vous vous promenez du côté de l’église romane, vous remarquerez sur le chapiteau qui couronne le massif de colonnes, à droite du portail, deux étranges visages sculptés dans la pierre peu après l’an mil. L’un représente un sarrasin avec de longues moustaches et une barbe divisée en deux mèches, l’autre figure un visage de femme dont la bouche crache des serpents ou des reptiles fantastiques.
On appelle ce dernier la « Bavarde de la Tremblade » (bien que l’on soit en Arvert !).
Cela fait donc plusieurs siècles que ces deux visages s’opposent et effraient les enfants (et les adultes qui ont su garder une âme d’enfant !).
Entre autres personnalités, Fénelon est venu arpenter les allées de l’église. Le temple, quant à lui, a la particularité de posséder une porte d’entrée placée sur le mur latéral et non sur le mur pignon, rappelant ainsi les maisons d’oraison, granges décorées qui servaient de lieu de culte clandestin aux protestants durant la persécution.
Etaules
L’église Notre-Dame s’élevait autrefois sur un îlot appelé le Paradis, au milieu des marais. Par dévotion et dans l’espoir d’accéder au ciel, de hauts personnages s’y sont fait enterrer. Sous les décombres de l’ancien édifice, on a trouvé de nombreux tombeaux attestant ce fait.
Cette église a été dévastée par les huguenots et incendiée. Jugée difficile d’accès, on a décidé de la « transporter » au centre de l’actuel bourg avec la permission de Louis XV. Selon certains érudits, de cette translation ne subsisterait que le carré du transept ; le reste fut reconstruit en 1723. Pendant la Révolution, l’édifice devint « Maison du Peuple ».

Détail du fronton du temple, Étaules
L’église fut agrandie en 1878 ; elle subit de plus d’importants dégâts lors des bombardements de 1945. A l’intérieur de l’édifice, on remarque un mobilier de très bonne facture, notamment une chaire et un statuaire original. Dans le bourg, rue Sorignet, on découvre une étonnante maison de style « rococo » ou « rocaille », datant du XIXe siècle, et imitant un peu le style des maisons de maîtres et de certaines villas balnéaires qui lui sont contemporaines. Au détour des ruelles et des quereux, on découvre des puits aux margelles tellement identiques qu’on les croiraient sorties des mains du même batisseur. Les petits ports d’Orivol et des Grandes Roches, à l’extérieur d’Etaules, attestent de la vocation ostréicole de la commune.
Chaillevette
Si un port de Seudre a eu un destin tourmenté et sans cesse remis en question, c’est bien celui de Chatressac à Chaillevette. Retenu pour être le site du futur Arsenal du Ponant au XVIIe siècle, quelques jeux d’écritures et un peu de fourberie ont donné l’avantage à Rochefort où pourtant, tout était à créer. L’avenir de ce port semblait pourtant venir par la mer, qu’à cela ne tienne, il viendra peut-être par la terre… Comme dans les ports de Seudre, l’activité a commencé par l’exploitation saunière à laquelle l’estuaire se prête bien malgré une salinité relativement faible.
L’impôt sur le sel, les conflits sauniers et religieux ayant eu raison de cette industrie, une nouvelle activité bien plus rémunératrice a pris la place des salines : l’ostréiculture, avec le succès que l’on sait. Malgré les revers de la « perte » du port militaire, l’activité du port pourl’expédition et la réception des marchandises continuait son rythme tranquille. Au fil du temps, une autre activité s’était greffée : la construction navale et l’armement civil de navires, notamment pour aller à Terre-Neuve pêcher la morue. A la fin du XIXe siècle on commence à parler de chemin de fer passant à Chatressac.

Port de Chatressac, Chaillevette
Un port actif dans tous les domaines, un moulin à marée, une voie de chemin de fer, tous les éléments étaient là pour un développement « à la Mortagne », référence alors incontournable pour le développement d’un port en milieu rural. Aujourd’hui, le curieux peut néanmoins retrouver les traces de ces activités : la grue et son hangar atelier sont toujours là, le moulin à marée impose sa présence massive ; on peut aussi examiner le monard, et ses écluses ou du moins leurs traces. Un œil même peu averti remarquera dans le marais, les parcs à huîtres qui existèrent avant les salines. L’archéologue passera un peu plus de temps à chercher les sites à sel. Le botaniste et l’ornithologue auront fort à faire pour bien reconnaître la flore et la faune de ce biotope entièrement artificiel. Le touriste de passage remarquera ces drôles de cabanes ostréicoles à lucarne qui, contrairement à celles des ports analogues sont presque toutes faites en maçonnerie.
Mornac-sur-Seudre
Pourquoi les rues y sont-elles serpentines ? Quand on arrive à Mornac-sur-Seudre, on constate l’abondance de rues ondulantes se coupant semble-t-il n’importe comment. C’est la première impression que donne cette cité, classée au nombre des plus Beaux Villages de France. A Mornac, une constante a prévalu à l’établissement des rues : la prééminence des vents dominants a conduit les habitants d’autrefois à construire leurs maisons de manière à ce que les rues ne soient pas des rues rectilignes. Le courant d’air, de quelque point cardinal qu’il arrive, est ainsi « coupé », ralenti, et rend supportable la vie au bourg, même lorsque le vent est fort. Mornac n’est pas la seule cité à avoir utilisé ce stratagème. Royan, par le passé, bien avant l’essor balnéaire que l’on connaît, tournait le dos à la mer et utilisait le principe des rues serpentines pour briser le vent et réduire ses effets dévastateurs.

Les Halles, Mornac
Donc, avec ces rues qui « prennent leur temps » et ondulent gracieusement, le promeneur sera heureux de passer d’un détail sculpté à un autre, des halles à l’église, de l’église au porche du château (aujourd’hui privé), sans oublier la fameuse Maison du Peuple avec son linteau historié « la liberté ou la mort ».
Le promeneur ne devra pas négliger d’aller faire un tour dans le vieux quartier au style représentatif des villages insulaires de Saintonge. L’église fortifiée Saint-Pierre (XIe et XIIe siècles) possède une abside et un chevet très bien conservés. On peut y découvrir de magnifiques modillons à l’extérieur. Du haut du clocher (dont la base est elliptique, rarissime), la vue est remarquable sur l’ensemble de l’estuaire, jusqu’à l’Ile d’Oléron.
L'Eguille-sur-Seudre
A L’Eguille, deux témoins impassibles ont vu l’histoire se dérouler à leurs pieds : ils savent combien l’église actuelle a souffert de la récente tempête, même si aujourd’hui elle va mieux. Ils ont vu vers 1840 démolir l’ancienne église, que les hommes d’alors avaient jugé trop petite. Ils ont entendu parler du vieux château des Joubert et des Gombaud, ont vu réparer l’actuel logis par Michel Froger de l’Eguille et surtout ils ont vu l’essor pris par cette petite cité grâce à l’ostréiculture. Ils ont assisté à la véritable compétition que se sont livrés les artisans ayant bâti le village actuel. En effet, chaque maison a sa petite touche personnelle, un peu de céramique en façade par-ci, un détail sculpté par là.

Charrue votive, église de L'Eguille
Ils ne savent plus combien de personnes sont venues chercher de l’eau à la fontaine du presbytère, ni combien de fois on a fait tomber le seau au fond du puits de l’impasse du Porche dont la margelle paraît-il est faite d’une embase de colonne gallo-romaine. Alors, comme ça, bien avant eux, il y aurait eu un établissement gallo-romain à L’Eguille. Ces deux témoins ont aussi entendu, entre les chants des marins du port, les ahanements des maçons qui ont dû reconstruire par deux fois le temple car la première fois la façade est tombée vers 1821 et depuis ce temps l’édifice porte une fausse date car la pierre du linteau du porche est datée de la première construction de 1819.
Ces deux témoins doivent enfin vous être présenté, il s’agit de deux arbres remarquables : un robinier-faux-acacia qui pousse près de l’église et le majestueux tilleul de la cour du château ; à eux deux, ils doivent bien totaliser le demi-millénaire à quelques années près !!! Le port ostréicole de L’Eguille, avec son écluse en arrondi d’une facture très originale, fait partie des escales typiques des bords de Seudre. Plus au cœur du village, dans la nef de l’église, on découvre une charrue votive près d’un navire ex-voto « Le Saint-Martin ».
Breuillet

Façade en arc de triomphe, église de Breuillet
La commune de Breuillet n’a pas de vrai bourg à proprement parler, concentrant toutes ses activités en un seul pôle. Au contraire, cette localité s’étire d’écart en écart ayant chacun sa spécificité. Au Billeau, les constructions neuves s’imbriquent harmonieusement parmi d’autres plus anciennes.
Breuillet tient lieu de bourg, avec la mairie, l’école, les lieux de culte, quelques commerces, une partie des habitations et la place du marché. Le Montil est un autre écart populeux, une sorte de lotissement en plein bois, comme enserré dans un écrin de verdure. Le Magarin est le pôle économique de cette vaste entité. Aux franges de Royan, Taupignac a le charme vallonné d’une campagne pré-alpine verdoyante.
Breuillet est célèbre pour son église romane du XIIe, qui autrefois était entourée d’un prieuré clunysien où le supérieur de l’ordre serait venu par deux fois. Elle possède une façade exceptionnelle, dite en « arc de triomphe ». Mais les secousses des Guerres de Religion sont aussi venues ébranler ce joli coin de Saintonge, laissant en témoignage la Chênaie de Coulonges où les Protestants, interdits de lieu de culte, venaient célébrer celui-ci « au désert » ; une stèle en fait foi sur le lieu lui-même. Plus pratiquement, le protestantisme laisse des traces de grand intérêt à Breuillet où se dresse l’un des plus beaux temples classiques du Pays Royannais. Il est d’ailleurs considéré comme un grand temple par sa taille, montrant ainsi l’importance de la communauté protestante.