Pierre Dugua de Mons 1560 (?) - 1628

Né à Royan vers 1560, ce fils de famille protestante de la presqu’île d’Arvert embrassa très tôt la carrière des armes sous la bannière d’Henri IV. Sa vocation d’explorateur semble lui être venue, à la fois du souci de bien servir le roi en retour des bienfaits de ce dernier à son endroit, et en même temps de réaliser de profitables opérations commerciales. Il est certain qu’il précéda Champlain au Canada, dès 1600, installant en compagnie du Normand Pierre Chauvin, un comptoir de traite de la fourrure à Tadoussac, à l’embouchure du Saguenay.

 
Dugua de Mons

En 1603, Dugua proposa à Henri IV d’installer à ses frais des établissements permanents en échange du privilège de la traite des fourrures. Il reçut du roi le titre de « Lieutenant Général des côtes, terres et confins de l’Acadie, du Canada et autres lieux en Nouvelle-France » et ce, pour y établir une colonie et convertir les Amérindiens à la religion chrétienne. Dugua organisa aussitôt une compagnie de traite en y associant des marchands de Rouen, La Rochelle, Saint-Malo et Saint-Jean-de-Luz. Il prépara une expédition, engageant des hommes de tous les métiers nécessaires à une implantation durable, sans pour autant s’inquiéter de la religion des recrues. Il embarqua avec lui un prêtre et un pasteur et invita à le suivre, un catholique de Saintonge, Samuel de Champlain, né à Brouage, et plus jeune que lui de 6 ou 7 ans. Le navire, parti du Havre avec Dugua et Champlain le 10 avril 1604, s’appelait « le Don de Dieu ».

Champlain allait se révéler, bien plus qu’un géographe et un cartographe, le véritable scribe de l’expédition, un écrivain remarquablement doué, dont les livres de voyages lui devraient de passer à la postérité, renvoyant dans l’ombre le nom et les qualités de Dugua. Mais tous les auteurs d’ouvrages récents, traitant de cette épopée, s’accordent à souligner l’indéfectible amitié liant les deux hommes, et la totale fidélité de Champlain à celui qui fut son protecteur, son mentor et son inspirateur.

L’établissement, sur l’île de Sainte-Croix, en Acadie, faillit se transformer en désastre avec les rigueurs inattendues de l’hiver. La moitié des hommes moururent. Le salut vint au printemps lorsque les Amérindiens Etchemins se présentèrent pour échanger de la viande fraîche. Par la suite, Dugua et Champlain transportèrent leur habitation plus à l’est, à Port-Royal.

Dugua revint en France, en septembre 1605, d’où en 1607, il prévint les colons de Port-Royal qu’ils devaient rentrer à leur tour, le roi ayant annulé son privilège de traite. Il réussit cependant à le faire prolonger d’une année, ce qui permit à Champlain de fonder l’établissement de Québec, en 1608. Après la perte définitive de son titre de Lieutenant Général, Dugua continua d’aider la colonie, au prix de mille difficultés. En effet, si Dugua le protestant avait bénéficié de son engagement religieux auprès d’Henri IV, il n’en fut pas de même auprès de Louis XIII, après 1610. Les intrigues et les jalousies, que lui avait values son ascension à la cour, se révélèrent au grand jour. Mais son courage et son obstination, au milieu des tourmentes politiques du moment, permirent finalement à Champlain, d’aller au bout de leurs ambitions communes, en fondant Québec, et de sceller ainsi la pérennité de la présence française en terre canadienne.

Dugua, se retira en son château d’Ardenne, près de Pons, ville dont il avait été gouverneur, entre 1610 et 1617. À chacun de ses retours en France, Champlain ne manquait pas d’aller l’y saluer et d’y séjourner quelque temps. Dugua, mort le 22 février 1628, repose dans le parc de sa demeure, enterré sous un if.

 

De Monts, tu es celui de qui le haut courage a tracé un chemin à un si grand ouvrage : et pource de ton nom, malgré l’effort des ans, la feuille verdoyra d’un éternel printemps !

Marc Lescarbot, 1606

 
Signature Dugua de Mons
 
 

Vue de Royan, vers 1560

Vue de Royan
 

Il s’agit d’une interprétation artistique s’inspirant de la gravure de Claude Chastillon, ingénieur du Roi, vers 1605. Le château de la famille de Mons est figuré en haut à droite du dessin avec ses deux grosses tours. Il est situé en dehors des remparts, près de l’église Saint Pierre, et il fut rebâti au XVIIIe. siècle. Il a été reconstruit dans ce dernier style, après 1945.

Réalisation Nadu Marsaudon

 

Le Don de Dieu

Navire de 150 tonneaux environ et long de 33 mètres, qui allait tous les ans à la pêche à la morue. Le maître est Henri Couillard, mais il est dirigé par le capitaine Timothée Le Barbier, du Havre. Vaisseau rond, et de hauts bords, il pouvait atteindre de 5 à 8 noeuds. Pierre Dugua de Mons et Samuel de Champlain se sont embarqués sur ce navire, au Havre, le 10 avril 1604, en partance pour l’Acadie.

D’après Guy Binot, in « Pierre Dugua de Mons » Ed. Bonne Anse.

 
Don de Dieu

Le Don de Dieu
Maquette construite par Christian Donguy
Musée de Royan

 
Postes canadiennes

Postes canadiennes