De la maréchaussée et des gabelous, aux gendarmes et douaniers, du bateau stationnaire au Mur de l'Atlantique

En période de conflit, l'estuaire représente une faille dans le système défensif du pays. La Gironde, avec ses dimensions, fut un casse-tête à sécuriser pour nos amiraux ou généraux. Equiper les berges de batteries défensives ou patrouiller dans le fleuve pour intercepter les navires ennemis, furent les deux options employées. Fin 1711, une grosse frégate de 22 canons, la Nymphe, surveille l'embouchure. Un navire stationnaire est signalé, de manière irrégulière, de 1796 à 1814. En 1811, le brick le Pluvier sera incendié par les Anglais après avoir été échoué volontairement par son équipage.
A terre, de La Coubre à Talmont, on arme jusqu'à 16 batteries de milices garde-côtes, au XVIIIe. En 1793, la municipalité des Mathes reçoit même deux canons en fonte pour participer à cette défense. Mais là aussi le système n'est pas infaillible. Les Anglais détruisent le fortin de La Coubre en 1814. Il faut attendre 1929 pour que les canons de ce dernier soient ferraillés, après avoir été dynamités pour faciliter leur transport.

Pendant la Première Guerre mondiale, la passe nord est protégée par le fort de Royan et la batterie de Suzac. Des projecteurs sont parsemés à Suzac, au Pigeonnier, dans la conche de Vaux. On construit une batterie à Bonne Anse et l'on crée, en 1917, un poste de combat anti-sous-marins à La Coubre. On tend même un filet et un câble entre le Pigeonnier et le Verdon avec 3 navires empêchant le franchissement: la Magicienne, la Mireille et le Rochelais.

 
Canons du fortin de la coubre

Canons du fortin de La Coubre

 
Le port de royan après le bombardement

Le port de Royan après le bombardement

 
 

Le 23 mars 1942, Hitler crée le Mur de l'Atlantique et charge l'organisation Todt de fortifier la côte. 218 ouvrages bétonnés vont cadenasser l'embouchure. La puissance de feu installée ici est prodigieuse... Même la minuscule crique de Saint Sordelin, avec la batterie Kasuar, darde 6 canons. Une centaine de ceux-ci, de Ronce-les-Bains à Suzac, met en joue les éventuels belligérants. Dispositif démesuré qui sera malgré tout perméable.

Le 7 décembre 1942 une poignée de Marines britanniques de l'opération Frankton, franchit en kayak le verrou et, sous les ordres du Major Hasler, sabote des forceurs de blocus allemands à Bordeaux et Bassens. Quelques blockhaus, vestiges de cette période troublée, rappellent ce que pouvait être la Nord-Gironde Festung, stratégique pour les Allemands.