Des pèlerins aux croisiéristes,
des passeurs d'eau aux bacs...
La Gironde s'étire tel un long ruban, un tapis roulant fougueux, qui est et a été une barrière, une frontière difficilement franchissable. Encore aujourd'hui, la traverser nécessite une organisation, car les passages sont peu nombreux: Royan-Le Verdon et Blaye-Lamarque en empruntant les bacs, avec leurs contraintes horaires, ou alors descendre sur la carte (ou remonter la Dordogne) jusqu'à Cubzac-les-Ponts, la bien nommée, pour envisager une traversée permanente du fleuve...
Ces conditions présentes à l'esprit, cumulées aux risques non négligeables d'une navigation sur le fleuve, on conçoit aisément que bon nombre d'aménageurs proposèrent très tôt leurs solutions. Le premier, sans nul doute Richelieu, voulut s'affranchir des dangers de l'embouchure. Il envisagea plusieurs projets de canaux entre la Seudre et la Gironde, son option fut reprise plusieurs fois par la suite, sans résultat.
Plus près de nous, en 1988, un ingénieur proposa une modernisation radicale de l'estuaire, transformant celui-ci en lac d'eau douce retenu par une digue, surmontée d'un pont autoroutier de 13 km, entre Le Verdon et Royan. Deux ans plus tard, on déposa un projet de viaduc de 11 km, reliant les deux rives depuis Talais jusqu'à Arces-sur-Gironde, entre Talmont et Meschers. On envisagea même en 1942, le creusement d'un tunnel sous la Gironde, avec une des ouvertures dans le parc de Royan. Aucun n'aboutit, mais combien de temps encore cet estuaire narguera-t-il nos ingénieurs ?