Les pêches en Seudre
Haut lieu de la saliculture puis de l'ostréiculture, la Seudre a connu aussi une dizaine d' activités de pêche, des «métiers» différents pratiqués avec des embarcations de divers types à voiles et à avirons, depuis les lasses jusqu'aux côtres en passant par les yoles.
La pêche aux boucs
Pratiquée avec de petits chaluts à perche lestés de pierres, la pêche aux boucs (crevettes grises) était l'un des métiers d'hiver à bord des yoles. Ces embarcations creuses caractérisées par leur nez triangulaire, étaient montées par un ou deux marins.
La pêche à l'aveneau
Le métier de l'aveneau, du nom du filet triangulaire utilisé, tenu par deux perches en croix et placé en travers du courant, était une pêche de nuit. L'embarcation, la plupart du temps une lasse, était mouillée, à l'avant et à l'arrière, au dessus des vases, en général à proximité de l'embouchure d'un achenau. Le pêcheur, souvent solitaire, capturait ainsi anguilles, plies, mulets et plus rarement du bar.
La pêche à la "rèze"
La rèze, constituée d'une natte de filet de faible hauteur (de 30 à 50 centimètres), était placée verticalement sur les vases, de préférence à l'entrée des achenaux, là où les retours de courants favorisent la présence de poissons. Avec cet engin "dormant", posé à la marée du soir et relevé le matin, le pêcheur capturait surtout de la plie.
La pêche aux pibales
La capture des civelles, alevins d'anguilles venant de la mer des Sargasses, et appelées pibales dans le Sud-Ouest, est une pêche de nuit. Ce poisson, très recherché, notamment sur le marché espagnol, et jusqu'au Japon pour l'alevinage, connaît, certaines années, une cote très élevée, mais se raréfie. Surpêche ou modification du milieu ? Autrefois, la pêche des pibales se pratiquait à pied dans les ruissons ou au bord des achenaux, à la lueur d'une lampe à carbure et avec un tamis circulaire, le pibalour.

Aujourd'hui, ce sont les bateaux, petits chalutiers à puissance limitée, qui se livrent l'hiver à la pêche aux piballes
en "tamisant" les eaux de la Seudre de novembre à avril
La pêche aux seiches
Capturées à l'état de juvéniles sous le nom de casserons, ou adultes au printemps, les seiches étaient pêchées au chalut à perche, le rets. C'était l'activité des yoles et des côtres dans un calendrier de pêches saisonnières (poissons plats, le céteau l'été au large, la pêche de "douaire", au delà de Maumusson, et les boucs en hiver).
La pêche aux palourdes
Pratiquée à pied, par exemple sur le banc de Mouillelande, ou le plus souvent à bord d'une embarcation à l'aide du "grand râteau", une drague à main, la pêche des palourdes a toujours été une activité de complément. Autrefois, il s'agissait de ramasser le clams, coquillage de bonne valeur jusque dans les années 50. Aujourd'hui, il s'agit de la palourde, dite japonaise, dont la prolifération est due aux élevages intensifs en aquaculture. Très lucrative jusque dans les années 80, la pêche à la palourde connait une très nette récession face à la concurrence, notamment d'Italie, et au dérèglement du marché espagnol, principal débouché dont les cours ont chuté.
La pêche aux lavagnons
Petit coquillage gris, de forme ovale et à la coque fragile, le lavagnon (déformation de «lavignon») était pêché à la main dans les vases des achenaux et des claires au moment de leur asséchage. La pêche aux lavagnons était l'activité favorite des "Galop'chenaux".
La pêche aux bedjhas
De forme oblongue, le bedjhas, dont le nom est dérivé de "bec de jar", vit enfoui dans une couche profonde de sédiment, vase souvent mêlée de sable : le grouail. Il se pêche à la ferrée, pelle étroite et longue, l'outil métallique traditionnel du marais, la plupart du temps dans le fond des achenaux.

Les "pêcheurs de grand rateau" se livrent à leur activité, la pêche aux palourde,
les jours de grande marée, à partir d'une lasse