L’huître plate et l’huître creuse

Quelque 3500 hectares de parcs - on dit les concessions ou encore les viviers - sont consacrés à l'élevage de l'huître soit à plat, directement sur les terrains découvrant à marée basse, soit en cultures surélevées, dans les "poches" déposées sur des tables métalliques. Les premières concessions du bassin de Marennes-Oléron, leader de l'ostréiculture française, avec officiellement 60000 tonnes expédiées pour 35000 cultivées sur place, datent des années 1870, époque où seule l'huître plate commençait à se cultiver au côté des bancs naturels soumis à une forte surexploitation.

C'est en 1868, et par accident, que l'huître portugaise, ostrea angulata, fut introduite dans la région. Un bateau, le Morlaisien, capitaine Patoiseau, d'Oléron, venait du Portugal livrer des huîtres angulata aux ostréiculteurs arcachonnais déjà importateurs. Une tempête l'empêcha d'entrer dans le bassin d'Arcachon, et le Morlaisien dut venir s'abriter en Gironde devant Le Verdon. Le temps passant, la cargaison avariée fut jetée à l'eau. Mais quelques huîtres devaient survivre et proliférer. Considérée au début comme un compétiteur, (les anciens l'écrasaient d'un coup de talon), cette Portugaise fut pourtant la bienvenue pour relayer l'huître plate, victime par la suite d'une épizootie dans les années 1920. Seules subsistèrent, au titre de l'ancienne Marennes, la pousse en claire et la plate importée du Morbihan et affinée jusque dans les années 1950.

Cette Angulata devait faire la richesse de Marennes-Oléron jusqu'à sa destruction totale par l'épizootie de 1971. C'est l'huître Crassostrea Gigas, du Pacifique, dite japonaise, qui la remplaça. Par du naissain d'abord, importé du Japon, puis par des huîtres-mères venant de Colombie Britannique, côte ouest du Canada (voir le paragraphe "En Seudre", le banc de Mouillelande).

En complément de l'élevage, d'abord pour la plate puis pour la creuse, c'est l'affinage dans les claires, environ 3500 hectares, à fond d'argile, où se développe la fameuse diatomée bleue, la marennine qui a donné et donne encore sa renommée à l'ostréiculture du bassin. de Marennes-Oléron, le pays de "l'huître verte". De la rive gauche de la Charente à la rive droite de la Gironde, il compte encore 1400 exploitations, et représente, environ 10000 emplois pour un chiffre d'affaire de plus d'un milliard de francs.

 
Huîtres-vertes

Le pays de "l'huître verte"