Chaleur du corps Chaleur du Cœur.

Présentation
Cette affiche française au titre « Chaleur du corps Chaleur du cœur Pour qu'il n'ait pas froid cet hiver » éditée par l'agence de l'ORAFF (Office de Répartition de l'Affichage) est réalisée dans le cadre de l'organisation d'une collecte de vêtements pour les soldats français prisonniers. Cette collecte est organisée par les centres d'entraide de la maison du prisonnier du dimanche 11 au dimanche 18 octobre 1942. Cette affiche représente une femme qui récupère des vêtements dans une commode sur laquelle trône le portrait encadré d'un visage d'homme. Dans l'angle gauche en haut de l'affiche est esquissé l'ombre du visage. L'affiche fait vibrer la corde sensible de l'absence, celle du prisonnier de guerre loin de son foyer, que personne n'oublie.
Zoom

Le rôle de la Maison du Prisonnier est de permettre aux familles de conserver l'espoir, de trouver l'aide et le réconfort. Le régime de Vichy, à travers sa propagande, n'oublie pas les familles séparées. Le travail de ses Maisons de Prisonniers se poursuivra également aux lendemains de la Libération, au profit des réfugiés et des déportés. Cette affiche publicitaire fait appel à la générosité et au patriotisme des Français et, surtout des Françaises, d'où le personnage féminin et l'utilisation des couleurs du drapeau national français (bleu blanc rouge). L'absence de l'homme au sein du foyer est également mise en avant afin d'accentuer le rôle attentiste de la femme. En effet, la représentation des femmes dans les affiches reste fidèle à la place que la société leur attribue. Leur mission essentielle est l'enfantement. Elles sont souvent représentées au foyer avec plusieurs enfants et nourrissons. Elles portent un tablier car leur rôle est d'assurer la bonne tenue du foyer. Son parcours est en fin de compte tout tracé : enfant, elle participe aux mouvements de jeunesse ; adulte, elle se marie et a des enfants ; grand-mère, elle travaille aux champs. Dans des situations de danger, elle n'est que faiblesse et innocence car protéger le foyer est dévolu au rôle du père, de l'homme, et en temps de guerre, du soldat. En réalité, cet idéal féminin est toutefois ébranlé en temps de guerre puisque les femmes sont recrutées dans les usines pour travailler. C'est le cas pour les affiches allemandes et américaines.)
Contexte
Dès juin 1940, les Allemands autorisent le gouvernement de Vichy à diffuser dans les camps de prisonniers une propagande axée sur le patriotisme et le pétainisme. L'exil forcé renforce le sentiment patriotique et nombre de prisonniers se convertissent aux idéaux du régime. En France, les appels à la population en faveur du sort des prisonniers sont lancés. Sont organisés des ventes de bons de solidarités, des collectes de vêtements, des « semaines de l'absent » pour accélérer leur retour dans leur foyer et adoucir leurs conditions de détention. A la fin de 1941, la France compte environ 1 216 000 prisonniers de guerre en captivité. Un commissariat au reclassement des prisonniers de guerre est créé avec, pour objectif, de fonder dans chaque département un lieu central d'accueil pour les rapatriés et les familles des prisonniers. Dotée d'un directeur et placée sous l'autorité du préfet, cette Maison du Prisonnier a pour but d'aider les prisonniers et leurs familles dans toutes les démarches et de résoudre de nombreux problèmes. En 1942, on compte 122 maisons et annexes et plus de 150 en 1944. A la Libération, ces maisons sont transformées en Maison du Prisonnier et du Déporté et leurs compétences sont élargies dans le cadre du Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés.